Famille Scrive

La famille Scrive, aux origines lointainement italiennes, et dont le nom est intimement lié à l'essor industriel du Nord, appartient au vieux patriciat flamand.


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Dynastie industrielle - Famille française - Famille belge - Personnalité du Nord - Textile - Patronyme

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  • Partis d'Italie pour s'installer à Bruxelles, ils sont arrivés à Lille au XVe siècle. Depuis lors, l'histoire de la famille Scrive est indissociable de ... (source : regards.asso)
  • Elle est membre de la famille Scrive, grande famille d'industriels nordistes... à la faculté de Lille et elle a eu le CAPES en 1969. D'une vie citadine, ... (source : ravet-anceau)
Armoiries modernes des Scrive : de sinople au S d'or, accompagné de trois chardons du même, deux en chef et un en pointe (avec l'aimable autorisation de l'association FranceGenWeb).

La famille Scrive, aux origines lointainement italiennes, et dont le nom est intimement lié à l'essor industriel du Nord, appartient au vieux patriciat flamand. C'est à la fin du XVe siècle que sa tige, l'orfèvre Pierre Scrieck (1465-1535), vint de Bruxelles pour s'installer à Lille, dont Philippe le Bon avait alors fait la capitale financière et administrative de son Duché de Bourgogne. Ses membres devinrent français en même temps que celle-ci, en 1668, à l'occasion du traité d'Aix-la-Chapelle, lorsque la ville passa des mains du roi d'Espagne Charles II à celles du roi de France Louis XIV. Ils y jouirent jusqu'à la Révolution du statut de bourgeois, transmissible de père en fils (on parlait de bourgeoisie par relief) [1].

Des Scrieck aux Scrive

Armes de la famille Scrieck (avec l'aimable autorisation de l'association FranceGenWeb).

Des origines toscanes

C'est dans la Florence du Trecento, la Florence d'avant les Médicis où les clans du popolo grosso se disputaient le pouvoir, qu'il faut aller chercher, semble-t-il, la souche première de la famille Scrive. Le nom même semble avoir été emprunté à la rivière Scrivia, qui naît dans le versant septentrional des Apennins, arrose la province d'Alexandrie et , près de cent kilomètres plus loin, non loin de Voguera, va se jeter dans le . C'était celui d'une famille d'orfèvres. Une plaque, apposée à Florence aux alentours du Ponte Vecchio, rappelle, actuellement, un service que rendit l'un d'eux à la cité de Dante. Leur départ de Florence est certainement dû à des raisons politiques ; d'autre part, le passage de la Toscane à la Flandre s'explique par les liens économiques qu'entretenaient alors, via la Rhénanie, ces deux régions industrieuses.

Les Scrieck, bourgeois de Lille

Ils modifièrent en premier lieu leur nom de manière à lui donner une apparence flamande : c'est ainsi que plusieurs générations portèrent celui de Scrieck, toujours signalé, par exemple, dans l'Armorial général dressé par d'Hozier en 1696. Puis, après que Lille eut été annexée par Louis XIV au royaume de France, ils francisèrent leur nom, vers 1720, en Scrive. Certains parmi eux furent inhumés dans les églises du cœur de Lille ; mais leur tombes disparurent avec ces mêmes églises, détruites lors des nombreux sièges que la ville eut à soutenir. Les Scrieck furent notaires, orfèvres, procureurs...

À cette époque, les Scrieck portaient : coupé d'azur et d'argent, au lion de l'un dans l'autre, lampassé de gueules, adextré en chef d'un croissant d'argent.

Activités industrielles et financières

A. D. Scrive-Labbé : Mise en œuvre de la première machine à carder en France et de la machine à filer le lin de Philippe de Girard
M. et Mme Scrive-Paulis en landau (1895). Albert Scrive-Paulis transféra l'usine de cardes de Lille à Marcq-en-Barœul.

Dès la fin du XVIIIe siècle, les Scrive furent en prise directe avec le problème de la modernisation — c'est-à-dire de la mécanisation — de certaines des étapes de la production textile :

Œuvres sociales

Malgré ou à cause des œuvres philanthropiques qu'elle soutint ou créa, comme la cité ouvrière de Marcq-en-Barœul, construite en 1854 par l'architecte Tierce, et toujours existante, Paul Lafargue, député de la 1re circonscription de Lille de 1891 à 1893, et gendre de Marx[3], l'attaqua vivement dans son célèbre Droit à la paresse[4].

Jules Scrive-Briansiaux de Milleville, deuxième fils d'Antoine Scrive-Labbe

À l'instar des autres familles de la haute bourgeoisie industrielle de Lille (Thiriez, Descamps, Crépy, Delesalle, Wallært, Le Blan, Crespel, Bigo-Danel, Barrois... ), les Scrive se mêlèrent peu de politique à l'échelle du pays — toujours que Laure Scrive, la fille d'Antoine Scrive-Labbe, épousât en 1837 le fils du futur sénateur comte Auguste Mimerel, puissant filateur roubaisien — on l'avait surnommé le «vice-roi du Nord» — qui tint sous le Second Empire le rôle officieux et le plus souvent ignoré de chef du patronat français[5]. Il convient aussi de noter leurs liens d'amitié avec Adolphe Thiers, et leur refus déterminé du libre-échange. Ils exercèrent quelques mandats locaux, fréquemment de conseillers généraux ou municipaux ; qui plus est , Gustave Scrive-Thiriez fut élu maire de la Madeleine en 1936, ce qui le plaça dans la position délicate d'avoir à administrer la ville sous l'occupation allemande[6].

Convictions religieuses

Monument funéraire de la famille Scrive-Labbe à Lille (cimetière du Sud)

Catholiques sincères, mais soucieux néanmoins de la bonne marche de leurs affaires, les Scrive n'adoptèrent jamais de positions radicales ou extrêmes, et leurs relations avérées avec les milieux industriels protestants de Mulhouse (Dollfus, Schlumberger, Kœchlin... ), ou ceux de la haute banque israélite à Bordeaux (Péreire, Rodrigues-Henriques[7]... ) témoignent assez de leur «orléanisme pragmatique».

«The Once-Great Families»

La disparition progressive du nom des Scrive, au XXe siècle, des registres de l'industrie, est principalement liée aux diverses crises que connurent les activités qui avaient auparavant assuré leur prospérité, qu'il s'agisse de l'industrie du lin, progressivement remplacé par le coton, ou de la nationalisation des charbonnages par la loi du 17 mai 1946. La F. A. C. E. N., actuellement filiale du groupe «Rexel», leader mondial de la distribution de matériel électrique, est la dernière entreprise existante historiquement fondée et administrée par les Scrive.

Vie sociale et mécénat

L'hôtel Scrive à Lille : la tourelle raccordant l'aile de l'horloge à l'aile de la manufacture.

Vie mondaine

Les Scrive reçurent à Lille, en leur hôtel spécifique de la rue du Lombard, la visite de plusieurs souverains curieux des progrès de l'industrie. Ce fut Charles X en 1827, Louis-Philippe Ier et la reine Marie-Amélie de Bourbon-Siciles en 1833, accompagnés de Léopold Ier et Louise d'Orléans, roi et reine des Belges ; puis, en 1853 et 1868, Napoléon III. Ils accueillirent aussi des écrivains et des artistes : Victor Hugo, Chopin, Saint-Saëns, Massenet, le violoniste et compositeur Eugène Ysaÿe, les pianistes Alfred Cortot et Francis Planté, Raoul Pugno, Paul Viardot, Alphonse Hasselmans, professeur de harpe au Conservatoire de Paris, le violoniste et chef d'orchestre Pierre Sechiari, les sculpteurs Antoine Laurent Dantan, Théophile Bra et Théodore Rivière, et d'autres personnages toujours, tel Don Bosco, le fondateur de la congrégation des Salésiens.

L'hôtel Scrive à Lille

L'hôtel spécifique des Scrive, couramment nommé «Hôtel Scrive», sis à Lille au 1, rue du Lombard, date principalement du XIXe siècle ; il comprend cependant des parties plus anciennes (XVIIe et XVIIIe siècles), et certains aménagements intérieurs datent de la Belle Époque — lorsqu'il s ne sont pas plus récents toujours. En 1976, il fut cédé par ses derniers occupants[8] à l'État, qui y installa le siège de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) du Nord-Pas-de-Calais. Il ouvre chaque année ses portes aux visiteurs lors des Journées européennes du patrimoine : on peut y admirer, entre autres, une étonnante salle de bain Art déco, devenue le secrétariat de la direction, ou encore une réplique au 7/9e de la bibliothèque du château de la Malmaison due à Olivié Scrive-Masure, qui y fit installer, hormis sa bibliothèque personnelle[9], des meubles de Bellanger acquiss par son grand-père, Henri Scrive-Briansiaux de Milleville, qui provenaient du château si cher à l'impératrice Joséphine.

L'actuelle annexe de la préfecture de Lille, 12, rue Jean-sans-Peur, que les services de l'État semblent avoir tacitement décidé de nommer «préfecture Scrive», occupe les bâtiments d'un ancien couvent de jésuites où se trouvait le Centre hospitalier des Armées Gaspard-Scrive, ainsi appelé, en 1913, pour honorer la mémoire d'un autre membre de cette famille, qui fut, comme chirurgien militaire et médecin-chef du corps expéditionnaire français durant la Guerre de Crimée, l'expérimentateur et le propagateur de l'anesthésie au chloroforme[10]. On peut y admirer un spectaculaire escalier à double révolution (l'un des trois qui existent en France) datant de l'époque de l'occupation du lieu par les jésuites.

Comme les autres grandes familles lilloises, les Scrive ont apporté leur contribution à l'embellissement et au développement artistique de la cité. Ainsi peut-on voir, au Palais des Beaux-Arts, une partie de la collection Ozenfant-Scrive[11], composée de pièces d'orfèvrerie médiévale ; de même, si l'évêché de Lille est installé depuis 1905 dans l'ancien hôtel de l'Intendance, chef-d'œuvre néo-classique dû à Michel-Joseph Lequeux, c'est à la générosité de la comtesse Paul Boselli-Scrive qu'il le doit.

Demeures historiques

Deux autres demeures historiques ayant provisoirement appartenu aux Scrive méritent aussi d'être mentionnées, en plus de quelques châteaux (château du Buat dans les Yvelines, château de la Pilaterie dans le Nord, château de Montaclier dans lePuy-de-Dôme, château de Candes dans le Tarn-et-Garonne). Initialement, l'hôtel d'Ailly d'Aigremont, actuellement résidence du général commandant la Force d'Action terrestre du territoire national, qui appartint à Jules Scrive-Loyer ainsi qu'à sa femme, d'origine belge, née baronne Lucie de Negri : selon une anecdote, c'est le général de Gaulle lui-même qui en aurait demandé l'acquisition par l'armée en 1945 : il se rappelait les soirées qu'il y avait passées dans sa jeunesse. Et M. et Mme Olivié Scrive-Masure accueillirent le même général en 1940, dans le Palais rose du Vésinet, célèbre pastiche du Grand Trianon édifié au début du XXe siècle, qui fut tour à tour propriété du dandy Robert de Montesquiou et de l'excentrique marquise Casati, aux créanciers de laquelle les Scrive l'achetèrent en 1936, pour s'en séparer dans les années soixante-dix : l'un des derniers rêves de Joséphine Baker fut, dit-on, d'acquérir cette coûteuse folie fin-de-siècle[12].

Hôtel Scrive : l'aile du logis.
Hôtel Scrive : l'aile de l'horloge.

La collection Descamps-Scrive, bien connue des bibliophiles, dispersée à la Galerie Petit (Paris) en novembre 1925, fut constituée par René Descamps (1853-1924) et sa femme Claire Scrive (1857-1926) [13]. On leur doit une édition définitive — et posthume — des Trophées de José-Maria de Heredia, illustrée par Luc-Olivier Merson.

Parmi les membres notables de la famille Scrive, on citera :

Compléments

Bibliographie commentée

Liens externes

Notes et références

  1. Contrairement au bourgeois par achat, qui acquitte des droits pour devenir bourgeois étant donné que son père ne l'était pas au moment de sa naissance, le bourgeois par relief, né fils de bourgeois, relève la bourgeoisie de son père, le plus souvent l'année de son mariage. Il est à noter que la bourgeoisie, à Lille, fut particulièrement rarement accordée aux femmes.
  2. Désiré Scrive-Bigo (1812-1895) exerça jusqu'à sa mort, hormis les fonctions de censeur de la Banque de France et d'administrateur des Mines de Lens, celle de vice-président du Crédit du Nord
  3. Il en avait épousé, en 1868, la seconde fille, Laura.
  4. On lit à la note 7 du pamphlet : «Au premier Congrès de bienfaisance tenu à Bruxelles, en 1857, un des plus riches manufacturiers de Marquettes, près de Lille, M. Scrive, aux applaudissements des membres du congrès, racontait, avec la plus noble satisfaction d'un devoir accompli : «Nous avons introduit quelques moyens de distraction pour les enfants. Nous leur apprenons à chanter au cours du travail, à compter aussi en œuvrant. Cela les distrait et leur fait accepter avec courage ces douze heures de travail qui sont nécessaires pour leur procurer des moyens d'existence» — Douze heures de travail, et quel travail ! imposées à des enfants qui n'ont pas douze ans ! — Les matérialistes regretteront toujours qu'il n'y ait pas un enfer pour y clouer ces chrétiens, ces philanthropes, bourreaux de l'enfance !». L'usine dont il est question est un tissage mécanique de toiles, créé en 1839 et transféré à Marquette en 1846. Jules Scrive-Briansiaux de Milleville (1813-1885) en ayant repris la gestion en 1855, c'est certainement lui que visent les philippiques de Lafargue.
  5. Cf Jean Piat, Lorsque Mimerel gouvernait la France, Roubaix, Maison du livre, 1992 ; et Roger Priouret, Origines du patronat français, Paris, Grasset, 1963.
  6. Une rue de la Madeleine porte d'ailleurs son nom. Sa femme, Marie-Louise Thiriez, était la petite-fille de Julien Thiriez-Dupont (1808-1863), fondateur de la célèbre filature JTPF (Julien Thiriez père & fils), laquelle deviendra, en 1925, la société TCB (Thiriez Cartier-Bresson), puis fusionnera en 1961 avec la DMC (Dollfus Mieg & Cie).
  7. Mme Henri Rodrigues-Henriques, née Emma Crépy-Scrive, était l'arrière-petite-fille d'Antoine Scrive-Labbe. Par son mariage, elle devint la belle-sœur de Georges d'Eichtal, fils du saint-simonien Gustave d'Eichthal (1804-1886).
  8. M. et Mme Charles Six-Corman. Charles Six était le petit-fils de Georges Scrive-Lisnard (1843-1898) et le fils d'Édouard Six-Scrive (1860-1912), filateur de laine à Tourcoing ainsi qu'à Mouscron en Belgique.
  9. Celle-ci fut dispersée à l'hôtel Drouot le 6 juin 1942.
  10. De concert avec un autre chirurgien militaire : Jean-Baptiste Baudens (1804-1857)
  11. Augustin Ozenfant (1834-1894), mari d'Henriette Scrive (1842-1867), tint une place importante à Lille dans le domaine intellectuel. Comme administrateur des musées et président de la section d'archéologie, il fut à l'origine de la reconstitution de la chapelle du vieux palais des ducs de Bourgogne (la salle dite du conclave), connu actuellement sous le nom de Palais Rihour. Aux fêtes du Centenaire (1892), le président Sadi Carnot lui remit la croix de chevalier de la Légion d'honneur. Cf. Marcel Nicolle, Catalogue des objets d'art et de curiosité composant la donation Ozenfant, imp. Lefebvre-Ducrocq, 1894
  12. Cf André de Fouquières, Cinquante ans de panache, Paris, Horay, 1957.
  13. Claire Scrive était une petite-fille d'Antoine Scrive-Labbe, et , par sa mère, celle du fabricant d'étoffes lillois François Debuchy-Lemaire (1792-1859), dont la brillante carrière industrielle fut récompensée par la croix de la Légion d'honneur, fait assez rare sous la Monarchie de Juillet; elle contribua personnellement à la construction ainsi qu'à l'embellissement de l'église du Sacré-Cœur à Lille.
  14. Lille ne devint le chef-lieu du Nord qu'en 1804, en remplacement — et au détriment — de Douai.

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